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Les "à-côté" de la rando en montagne.

 

Table des matières de cette page:

- Les horaires, les rythmes
- Les cairns
- Se repérer
- Faune, Flore


Les horaires, les rythmes

Les enfants trouvent parfois le temps long en montagne. Pour rompre la monotonie de la marche, il peut être bon de s'arrêter de temps en temps, poser les sacs et proposer une activité autre que la marche. Pour cette raison il est préférable de ne pas se fixer d'heure d'arrivée, de prévoir large, et ne pas hésiter à faire des pauses dès que le prétexte se présente.

Le prétexte le plus évident, du moins dans la chaleur de l'été, est l'eau: ruisseaux et étangs. Lorsque les ruisseaux ou les étangs sont espacés, cela fait une bonne occasion de faire une halte prolongée, avec ravitaillement et pieds dans l'eau. Dans les torrents peu importants, "domestiquer" la nature en bâtissant un barrage de pierres devient rapidement une activité prenante pour les petits comme pour les grands.

On peut aussi décider de bâtir un cairn pour le plaisir ou pour préciser un passage peu clair dans l'itinéraire. Voir cependant ci-dessous les impératifs à respecter, dans le paragraphe intitulé: "Les cairns - Laissez votre empreinte...".

Avec les enfants à partir de 9/10 ans on peut également utiliser les cartes comme prétexte à découverte. Quand un nouveau panorama apparaît, discuter les éléments permettant de savoir quel est le nom de tel ou tel sommet voisin que l'on découvre, ou inversement, où se trouve dans le paysage tel ou tel sommet observé sur la carte que l'on devrait voir.

Enfin la faune et la flore peuvent être prétexte à observations enrichissantes. Néanmoins, si l'on n'est pas soi-même naturaliste confirmé, les limites de l'exercice sont vite atteintes. Qui saurait nommer le rapace qui tournoie au-dessus de la vallée, ou la petite fleur violette rencontrée au bord du sentier?

Les cairns

Fonctions

Vous aurez tôt fait de remarquer que les cairns peuvent avoir trois fonctions:

- utilitaire: le cairn sert alors à indiquer le chemin à suivre, notamment lorsqu'il y a ambiguïté. C'est en général un cairn peu important, mais dressé en un endroit bien visible, d'en haut comme d'en bas. Dans les passages délicats (pierriers sans trace évidente de sentier, prairies hors sentier...), les cairns forment une "chaîne" où chacun d'eux est bien visible depuis le précédent.

- décorative: au détour d'un chemin, en plein milieu d'une pente, sans raison évidente car le sentier y est bien visible, se dresse parfois un cairn plus beau et mieux bâti que les autres. Fantaisie d'un promeneur? Hommage d'un poëte charmé par le lieu? C'est la magie du mystère.

- triomphale: cette fois, le cairn est dréssé triomphalement sur le point le plus élevé d'un sommet. Selon l'importance du sommet la difficulté d'y parvenir et le nombre de visites, c'est une miniature discrète ou une véritable oeuvre mégalithique. Aucune fonction utilitaire, mais acte purement gratuit, et donc artistique par essence.

Evidemment, plusieurs fonctions peuvent se combiner, et on peut trouver des cairn à la fois utilitaires et décoratifs, etc.

Styles

A première vue, rien ne ressemble plus à un cairn qu'un autre cairn. Mais détrompez-vous, l'esprit rigoureux peut établir une véritable typologie:

- style "pyramide": c'est la forme la plus courante, celle du cairn utilitaire par excellence, fait pour durer. Pas de projet architectural particulier: on empile sur une base donnée jusqu'à ce que cela ne tienne plus. La forme prise est celle dite du "tas". On note toutefois que de nombreux cairns décoratifs, voire triomphaux, sont construits dans ce style naturaliste, gage évident de longévité.


Cairn "pyramide" sur la voie du Montcalm.
Dressé sur le petit sommet du fond, le
cairn "tour" représenté ci-dessous.
(cliquer pour agrandir l'image)
Petit cairn utilitaire de style pyramide
en montant au Pic Rouge de bassiès
(cliquer pour agrandir l'image)
Autre petit cairn utilitaire de style pyramide
en montant au Pic Rouge de bassiès
(cliquer pour agrandir l'image)

- style "menhir": cette forme est uniquement réservée à de petits cairns utilitaires, et encore, seulement dans des contrées à dominante schisteuse: Quelques pierres cubiques retiennent en place une longue aiguille de pierre dressée verticalement. Au moyen d'une demi-douzaine d'éléments, on obtient une élévation qui en nécessiterait le double ou le triple dans le style "pyramide". Evidemment cette économie de moyens et ce travail hâtif se payent: ces cairns érigés par des bâtissseurs trop pressés ne peuvent prétendre défier le temps aussi bien que les précédents. Du point de vue formel, l'esprit puriste peut aussi reprocher à ce style un manque d'esthétique peut-être lié au conflit entre l'horizontalité de la base et la verticalité (souvent approximative) du sommet. L'absence d'appareillage dans la partie supérieure rend souvent le cairn peu "lisible" de loin, celui-ci pouvant s'interpréter comme une roche naturellement dressée, ce qui va à l'encontre de sa fonction première d'objet utilitaire.

- style "dolmen": forme opportuniste se rencontrant en pays schisteux lorsque l'endroit idéal pour placer le cairn est une méchante dalle inclinée: on rattrape d'abord le niveau par un soubassement sommaire du côté aval, que l'on surmonte d'une pierre plate placée le plus horizontalement possible. On poursuit ensuite sur cette base par un cairn "pyramide", car les prémisses étant déja fragiles, on ne peut se permettre l'audace de poursuivre par un édifice à la stabilité trop incertaine.

- style "jardin zen": nous arrivons avec ce style dans la catégorie des cairns "artistiques". Il s'agit ici d'empiler chaque pierre au dessus de la précédente de façon à atteindre un élan harmonieux vers le ciel. Néanmoins, une limite en hauteur est rapidement atteinte. Le raffinement consiste à alterner pierres plates et pierres cubiques. L'effet -très décoratif- obtenu est analogue à celui des "pagodes" de pierre dans les jardins zen. On peut y voir également une ode à la verticalité qui est, comme on sait, le Graal du montagnard.


Très beau cairn "jardin zen" en montant au Montcalm.
Noter l'alternance des formes (plate, cubique) et
l'alternance des directions (gauche, droite) des pierres.
Cairn "jardin zen" en montant au Pic Rouge de Bassiès.

 

- style "tour": summum du raffinement cairnien, cette forme n'est pas à la portée du premier venu. Il s'agit d'empiler artistiquement les pierres plates en une composition s'approchant le plus possible du cylindre parfait. Cette forme aboutie semble réservée aux cairns "triomphaux" dressés sur les sommets prestigieux ou remarquables. La raison pour laquelle ces oeuvres d'art restent debout en des lieux par nature battus par les vents et les tempêtes de neige tient du mystère le plus complet..


Cairn "tour" monumental sur un sommet
secondaire du massif du Montcalm.
La hauteur de ce cairn dépasse 2 m.
Au fond, la Pique d'Estats.
Cairn "tour" monumental au sommet
du Pic Rouge de Bassiès.
La hauteur de ce cairn dépasse 2 m.
Au fond, le Pic de Saint-Barthélemy.

Laissez votre empreinte dans la montagne

Une pause dans l'ascension peut-être l'occasion de bâtir un cairn décoratif, ou même utilitaire, si vous avez eu à un moment l'impression d'hésiter sur la route à suivre. Il y a toutefois une règle impérative à respecter, c'est qu'il faut être certain à 100% de se trouver exactement sur l'itinéraire principal. N'ajoutez surtout pas de cairns dans les fausses variantes que l'on rencontre ici ou là, notamment dans les pierriers, car cela augmente encore la confusion. Souvent, ces fausses variantes deviennent de plus en plus indécises et finissent par s'égarer dans des zones d'où il est difficile de rejoindre le véritable itinéraire.

Pour un cairn décoratif, il faut bien prendre soin de commencer avec les pierres les plus grosses possible, et de continuer en diminuant progressivement le gabarit. Chacun peut donc être mis à contribution en fonction de sa force, pour le convoyage et l'édification: c'est le plus petit qui mettra la touche finale.

Se repérer

A partir de 9/10 ans, on peut commencer à se familiariser avec la lecture des cartes d'état-major. La grande richesse et la variété des indications portées permet le plus souvent d'identifier à coup sûr un élément que l'on voit dans le paysage. Trouver de préférence un endroit plat où poser la carte, et l'orienter grâce à des repères connus. Repérer les cours d'eau, les lacs, les forêts, les cabanes, les barres rocheuses, les sommets, etc.

Comme il y a fréquemment du vent en montagne, notamment au sommet, il est préférable d'emporter. une grande photocopie (format A3) de la zone où vous vous trouvez. Pour le panorama du sommet une copie A3 de la carte au 1/100 000e est idéale. Pour ma part je fais aussi des photocopies (format A4) de la portion de carte où se trouve l'itinéraire emprunté. Ces photocopies, une fois pliées, tiennent aisément dans la poche de chacun, et permettent, au cours de la marche, une consultation plus aisée et plus fréquente qu'avec la vraie carte, souvent trop encombrante et présentant trop de prise au vent. Pour les copies destinées aux enfants, on peut surligner le tracé de l'itinéraire et les endroits remarquables que rencontre le chemin (forêts, cabanes, ruisseaux, lacs, ressauts...) afin de leur faciliter la lecture.

La faune et la flore

Pour la faune, la vedette est évidemment l'izard. Les moments les plus propices pour l'observer sont très tôt le matin ou au crépuscule. Dans la journée, cet animal se fait discret car ils sait que l'homme rôde... Donc, même si on peut très bien tomber nez à nez en pleine journée avec un izard planté au beau milieu du chemin, cela reste rare, et l'observation de l'animal sera beaucoup plus probable si l'on passe la nuit en montagne. De même, c'est dans les endroits reculés, d'où l'homme est absent la nuit que l'on a le plus de chance d'en rencontrer. Pour cette raison, une nuit en refuge offre peu de chance d'apercevoir l'izard, car l'endroit, trop fréquenté, n'est pas du goût de l'animal. Finalement c'est lorsque l'on passe la nuit dans un endroit reculé de haute montagne en camping sauvage, que l'on a le plus de chances d'en rencontrer si l'on sait se faire discret au réveil.

Souvent c'est par des bruits de cailloux dans le silence du crépuscule ou de l'aube que l'on repère la présence des izards. Les izards sont également très visibles lorsqu'ils traversent des névés. On peut aussi se placer face à une paroi qui paraît propice, et observer attentivement ce qui bouge en restant bien immobile afin de pouvoir déceler tout changement infime dans le décor. Inutile d'y rester des heures, ces animaux sont en perpétuel mouvement, et quelques minutes sont largement suffisantes pour être fixé sur leur présence ou leur absence. Les izards sont généralement très farouches, et dès qu'ils vous ont repéré, ils quittent les lieux, à plus ou moins grande vitesse en fonction du degré de danger que vous représentez à leurs yeux.

 

Les marmottes sont surtout repérables par leur habitat: vaste prairie en pente parsemée de blocs rocheux sous lesquels on peut parfois apercevoir des entrées de terriers. Les marmottes s'affairent généralement à se gaver de nourriture en vue de l'hiver. Si vous en apercevez une, observez la attentivement: dès qu'elle vous aura repéré, vous la verrez passer derrière un rocher, comme si elle s'enfuyait. N'abandonnez pas l'observation: regardez bien juste au sommet du rocher, vous verrez que c'est maintenant la marmotte qui vous espionne; seul le haut de sa tête dépasse du rocher, et elle vous épie pour savoir quand vous aurez décidé de tourner les talons, afin de pouvoir retourner vaquer à ses occupations en toute quiétude.

 

Pour ce qui est de la flore, autant les enfants sont les amis naturels des animaux, autant l'énumération du nom des plantes croisées le long du chemin a vite fait, en général, de les lasser. Même si on est un naturaliste émérite, on évitera donc de trop s'apesantir sur le sujet au cours de la randonnée. Pour ce qui est des fruits habituels de la montagne, myrtilles et framboises, c'est autre chose, et l'intérêt n'est jamais démenti en ce domaine. Il ne faut donc pas hésiter à en faire un prétexte de halte.


Vautour fauve en vol près du Pic Rouge de Bassiès.